Politique nationale sur le vieillissement
Logement accessibles, abordable et adaptés
Employabilité des 50+
Canada-Aînés au travail
Soins à domicile
Services en français
Dans le cadre des élections fédérales canadiennes qui s’en viennent bientôt, il nous fait plaisir de vous transmettre la réflexion du Secteur aînés pancanadien au sujet des enjeux qui touchent les personnes âgées d’un bout à l’autre du Canada.
Le Canada connaît un vieillissement démographique important. Depuis 2016, la population âgée de 65 ans et plus dépasse celle des enfants de moins de 14 ans. En 2020, 18 % de la population avait 65 ans ou plus, et ce chiffre pourrait atteindre 24 % d’ici la fin des années 2030. L’espérance de vie est aussi en hausse : 79,8 ans pour les hommes et 83,9 ans pour les femmes. Les personnes aînées vivent plus longtemps et en meilleure santé que les générations précédentes.
Ce vieillissement pose des défis majeurs pour le marché du travail, le système de santé, les retraites et l’économie.
Il est essentiel et crucial d’agir dès maintenant en adaptant les politiques publiques, en modernisant les infrastructures et en favorisant l’inclusion des personnes aînées dans les différentes sphères de la société afin de répondre efficacement aux défis du vieillissement démographique.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada appelle à des actions concrètes autour des quatre enjeux suivants pour lesquels nous sommes heureux de soumettre des pistes de réflexion :
- Politique nationale sur le vieillissement
- Logement abordable pour les personnes aînées vivant dans les communautés de langues officielles en situation minoritaire (CLOSM)
- Employabilité des aînés – Aînés Canada au travail
- Santé et services à domicile en français
Pour plus d’informations, contactez Jean-Luc Racine par courriel à dg@faafc.ca
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La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada (FAAFC) estime qu’il est crucial d’aborder de manière proactive les défis liés au vieillissement démographique au Canada.
Pour y faire face, il est impératif de mettre en place dès aujourd’hui des politiques et des mesures adaptées afin de permettre à la société canadienne de s’ajuster à cette évolution. Ces actions doivent anticiper les besoins croissants en matière de santé, de logement, de retraite et de main-d’œuvre, tout en garantissant une transition fluide et équitable qui assure le bien-être de toutes les générations.
Voici quelques défis auxquels la société canadienne sera confrontée au cours de la prochaine décennie :
Augmentation au niveau des coûts de santé
En 2025, les dépenses en santé au Canada devraient continuer d’augmenter en raison du vieillissement de la population et de la hausse du coût des soins. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), les dépenses totales en santé sont estimées à environ 340 milliards de dollars canadiens pour l’année 2024. Cela représente près de 13 % du PIB du pays. En moyenne, chaque Canadien pourrait voir ses coûts de santé s’élever à environ 9 000 $ par an.[1]
La majeure partie de ces dépenses est consacrée aux soins hospitaliers, suivis des soins de longue durée et des médicaments. Le vieillissement démographique contribue à cette hausse, car les personnes aînées ont généralement des besoins médicaux plus importants et nécessitent davantage de soins. Ces dépenses devraient continuer d’augmenter au fil des années, posant un défi majeur pour les finances publiques et les politiques de santé du pays.
Pénuries de main-d’œuvre
Dès 2013, les experts prévoyaient d’importantes pénuries de main-d’œuvre au Canada en raison du vieillissement démographique, et cette réalité est désormais bien présente. L’immigration, longtemps considérée comme une solution à ce défi, a vu son impact limité par la crise du logement. Toutefois, les pénuries devraient se renforcer dans la prochaine décennie.
En 2021, la population des personnes de 55 à 64 ans était plus nombreuse que celle des jeunes adultes de 15 à 24 ans, âge habituel d’entrée sur le marché du travail. On comptait alors seulement 81 jeunes de 15 à 24 ans pour 100 adultes de 55 à 64 ans, alors qu’en 1966, ce ratio était de plus de 200 jeunes pour 100 adultes de cette tranche d’âge (Statistique Canada, 27 avril 2022, Le Quotidien).
Impact sur les finances publiques et l’équilibre budgétaire des gouvernements
Au début des années 1980, la grande majorité des personnes de la génération des baby-boomers était sur le marché du travail et le Canada comptait six personnes actives pour chaque personne inactive âgée de 65 ans et plus. Cependant, ce ratio a considérablement diminué. En 2017, elles n’étaient plus que de quatre personnes actives pour chaque personne inactive. D’ici 2036, ce ratio pourrait tomber à moins de trois personnes actives pour chaque personne inactive de 65 ans et plus, illustrant ainsi les défis à venir liés au vieillissement démographique.[2]
Il est donc impératif d’agir maintenant.
L’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick (AFANB), la FAAFC et son réseau national organiseront des États généraux sur le vieillissement du 8 au 10 mai 2025. À l’issue de cet événement, un Livre blanc sera publié, offrant un portrait global de la situation et présentant des recommandations concrètes pour transformer les idées exprimées en actions tangibles.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada demande que :
Le gouvernement fédéral adopte rapidement une politique nationale sur le vieillissement pour répondre aux défis liés à l’augmentation de la population âgée au Canada.
[1] Institut canadien d’information en santé, Tendances des dépenses nationales en santé, 2024.
[2] https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2019001/article/00004-fra.htm#
La croissance rapide et continue de la population âgée laisse présumer une forte demande de logements de la part de ce groupe d’âge dans les décennies à venir.
La crise du logement a un impact considérable sur le bien-être des personnes aînées au Canada. Bon nombre de canadiennes et canadiens âgés vivent dans des logements inadéquats, inabordables ou de taille non convenable. Une bonne partie du parc de logements est mal adapté par un manque de sécurité, d’éclairage, de rampes d’accès, et bien d’autres. Les logements pour personnes âgées construits entre les années 1960 et 1990 sont souvent incapables d’accueillir les nouvelles technologies d’autonomie comme les scooters motorisés et les fauteuils roulants électriques encombrants qui doivent être branchés.
Qui plus est, le marché canadien du logement est de moins en moins financièrement accessible. En février 2023, le prix mensuel moyen demandé pour un logement locatif au Canada était de 2 193 $ ou 26 316 $ par année (Le Devoir, 12 mars 2024). Ceci représente environ 65 % du revenu moyen des personnes âgées de plus de 65 ans ayant le français comme première langue. Le revenu médian étant moins élevé de 10 000$ pour la population aînée francophone, il y a une partie de la population qui consacre un plus grand pourcentage de son budget à son loyer (Profil statistiques 2021 des personnes aînées francophones du Canada Juin 2023).
Pour que chaque personne aînée vivant au Canada puisse vieillir en toute dignité dans un logement adéquat, il faudrait ajouter 3.5 millions de logements abordables d’ici 2030. Les deux tiers de ces personnes vivent en Ontario et en Colombie-Britannique, là où les marchés de l’habitation sont les moins abordables, selon une étude de la SCHL : https://www.cmhc-schl.gc.ca/lobservateur-du-logement/2022/retablir-labordabilite-dici-2030).
En 2024, plus de 457 personnes aînées francophones vivant en situation linguistique minoritaire ont répondu à un sondage de la FAAFC sur la question du logement.
- 30 % des personnes ont affirmé se sentir « très stressées » ou « qu’elles n’auront pas les moyens » en parlant de leur
- 25 % des personnes souhaitaient se retrouver dans un logement nécessitant moins de travail (entretien intérieur et extérieur, nettoyage, parfois cuisine, etc.).
- 49 % des personnes ont affirmé qu’elles devraient « probablement » ou « presque certainement » déménager au cours des 10 prochaines années.
- 78 % des personnes ont déclaré vouloir continuer à vivre dans leur communauté. La présence d’un logement communautaire dans leur communauté actuelle constituerait « un grand atout » pour elles, voire une « condition essentielle » à leur relocalisation.
- 85 % des personnes ont déclaré être résolues à résider dans un immeuble où la langue et la culture francophone sont prédominantes, car elles font partie intégrante de leur identité.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada demande :
Qu’un appui financier pour permettre aux CLOSM de créer un consortium francophone dédié au logement communautaire francophone visant à soutenir les différents groupes à travers le pays dans la conception de logements culturellement adaptés aux communautés francophones vivant en situation linguistique minoritaire.
Que des fonds précis soient alloués à la construction des logements culturellement appropriés pour les membres de communautés linguistiques officielles en situation minoritaire.
Le Canada est de plus en plus confronté à des pénuries de main-d’œuvre et ce, dans bien des sphères d’activités économiques au pays. En septembre 2024, le nombre de postes vacants au Canada se situait à 528 190. [1]
L’évolution de la population active est déterminante. Le nombre de personnes œuvrant sur le marché du travail contribue à soutenir la croissance économique du pays, alors que de nombreux programmes gouvernementaux en dépendent, dont les régimes publics de retraite, les services de santé et les services sociaux.
Nous avons longtemps pensé que l’immigration permettrait de combler les pénuries de main-d’œuvre au Canada, mais force est de constater dans la dernière année que cette solution a ses limites. La crise du logement est venue mettre un frein à la capacité du Canada d’accueillir plus de personnes immigrantes et nous devons maintenant penser à d’autres alternatives pour aider et appuyer l’économie canadienne.
La FAAFC croit fermement que l’appui aux personnes âgées de 50 ans et plus pouvant continuer à contribuer activement au marché du travail peut constituer une avenue intéressante pour combler les pénuries de main-d’œuvre dans plusieurs sphères économiques, surtout en ce qui a trait à la prestation de services bilingues ou en français dans nos communautés en situation linguistique minoritaire partout au Canada.
Une étude menée par la FAAFC révèle que les personnes aînées et souvent retraitées souhaitent rester ou réintégrer le marché du travail, mais avec certains accommodements liés soit à l’âge ou à certaines conditions personnelles :
- Bénéficier de plus de flexibilité dans l’horaire de travail, permettant ainsi d’opter pour des emplois à temps partiel;
- Trouver des emplois qui valorisent pleinement leur expertise et leur expérience professionnelle;
- Évoluer dans un milieu de travail inclusif et ouvert aux personnes plus âgées désireuses de demeurer ou réintégrer le marché du travail;
- Profiter de meilleures conditions fiscales pour encourager un retour en emploi.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada demande :
Du financement pour créer le programme « Aînés Canada au travail » ayant deux volets profitant aux francophones de 50 ans et plus :
A) Programme d’appui et de certification des employeurs pour les aider à intégrer des pratiques gagnantes et des conditions de travail recherchées par cette clientèle;
B) Programme d’aide à l’emploi, plus spécifiquement pour la transition de carrière, la transférabilité des compétences et la recherche d’emploi après 50 ans.
[1] https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-621-m/11-621-m2024017-fra.htm
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada estime qu’une trop grande attention a été accordée ces dernières années aux soins en milieu institutionnel, au détriment des soins offerts au sein de la communauté, plus particulièrement à domicile. Selon les données disponibles, le Canada consacre seulement 14 % de son financement public des soins de longue durée aux soins à domicile, ce qui représente l’un des pires ratios parmi les pays de l’OCDE. En comparaison, la France alloue plus de la moitié de son budget de soins de longue durée aux soins à domicile tandis qu’au Danemark c’est 73 % de leur budget.
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé au 31 mars 2021, le Canada comptait 29 lits de soins de longue durée (SLD) par 1 000 habitants de 65 ans et plus. Soit 198 220 lits en SLD pour 6 835 866 personnes âgées de 65 ans et plus. Bien entendu, ce ratio varie d’une province et d’un territoire à l’autre.
La tragédie survenue lors de la pandémie dans les résidences de soins pour personnes aînées a mis en lumière l’urgence de développer davantage de services et de soins à domicile pour cette clientèle au Canada.
La grande majorité des personnes aînées canadiennes préfèrent vieillir à domicile au sein de leur communauté. Selon un sondage réalisé en 2020 par le National Institute on Aging, plus de 96 % des Canadiens âgés de 65 ans et plus ont affirmé qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter d’entrer en établissement de soins de longue durée.
Les personnes aînées souhaitent rester dans leur environnement familier le plus longtemps possible. Cependant, le manque de services et de soins à domicile les pousse souvent, à regret, à se tourner vers des établissements institutionnels. Pour les personnes aînées francophones vivant en situation linguistique minoritaire, l’absence de services adaptés les contraint fréquemment à quitter leur communauté, avec des soins prodigués dans une langue qui n’est pas la leur, ce qui exacerbe leur isolement. De plus, l’approche institutionnelle impose une lourde charge financière au système de santé des provinces et territoires.
Investir dans les services et soins à domicile permettrait non seulement aux personnes aînées francophones de demeurer dans leur communauté et de vivre en français, mais également de renforcer un système pancanadien qui pourrait garantir une meilleure qualité de vie et un confort psychologique pour celles et ceux qui désirent vieillir, voire mourir à la maison en offrant un soutien constant en cas de besoin. Ce modèle favorise le maintien des liens sociaux et joue un rôle crucial dans le bien-être et la réduction de l’isolement des personnes aînées.
La Fédération des aînées et aînés francophones du Canada demande que :
Le gouvernement entame, en lien avec une Politique sur le vieillissement, un virage stratégique en augmentant significativement son investissement dans les services et les soins à domicile, et particulièrement dans les services en français au sein des communautés de langues officielles en situation minoritaire.
